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Poème: 1989

1989, cette année sombre, a tout bouleversé.
Ce fut l’année des fractures,
Celle où ton destin, et le mien, se sont irrémédiablement éloignés.

Tu étais un homme puissant,
Colonel, ministre, bâtisseur de l’État.
Mais derrière l’uniforme et les responsabilités,
Il y avait un homme seul, pris au piège des événements.

Cette année-là, le pays vacillait sous le poids de ses divisions,
Et toi, Père, tu es devenu la cible, le bouc émissaire.

Ton métissage, ton humanité,
Ce qui aurait dû être ta force,
T’ont isolé dans un monde où la loyauté
Était une chimère fragile.

Mais 1989 n’a pas seulement brisé la Mauritanie.
Elle a brisé notre lien.
Cette année fatidique a creusé un fossé entre nous.
Nous vivions dans le même pays, Et pourtant, nous étions séparés comme par des océans.
Peut-être que tu as essayé de te rapprocher.
Peut-être que les blessures étaient simplement trop profondes, de part et d’autre, pour que l’on puisse se retrouver.

Et puis, Père, tu as semblé abandonner.
Était-ce la fatigue ?
Le poids des accusations injustes ?
La solitude d’un homme ostracisé ?
Je ne saurai jamais vraiment pourquoi.

Mais je sais que nous, enfants,
N’avions ni la maturité, ni la force pour franchir ce mur d’incompréhensions
Et te retrouver.

Pourtant, malgré cette distance,
Malgré le silence et les années,
Je t’aimais, Père.
Je te vénérais,
Non pas parce que tu étais parfait,
Mais parce que tu étais humain.
Un homme digne, valeureux,
Qui a affronté la chute avec une résilience silencieuse.

1989 fut la fin de ma vie avec toi,
Mais pas la fin de ce que tu représentes pour moi.

Un symbole de courage et de fragilité,
De grandeur et de blessures.
Je porte en moi ce que tu étais,
Et ce que tu n’as pas pu être.

Même si le Covid t’a finalement emporté,
C’est 1989 qui t’a arraché à moi.

Et pourtant, Père, tu restes une part de moi.

Aujourd’hui, je rends hommage à l’homme que tu étais,
À l’homme que j’aurais aimé mieux connaître,
Et à celui qui, malgré tout, restera toujours mon père.

Mais cet hommage ne s’adresse pas qu’à toi.

Je le rends public pour dire une vérité amère :

En Mauritanie, la haine dépasse parfois même la mort.

Il existe des gens qui, malgré ton départ,
Te condamnent encore dans le silence de leur esprit, Même si jamais aucune justice ne t’a accusé, Même si aucune sentence n’a été prononcée.

Tout cela, parce que l’amnistie offerte par Taya
A enseveli à jamais la vérité.

Toi, Père, tu as servi de bouc émissaire,
Mais le vrai coupable de cette tragédie,
Celui qui a permis ces horreurs,
Ne sera jamais recherché,
Jamais confronté à ses responsabilités.

Et quand son heure viendra,
Il quittera ce monde avec son lourd fardeau,
Sans jamais rendre de compte,
Comme tant d’autres avant lui.

Père, je ne peux effacer l’injustice,
Ni ramener ce que nous avons perdu,
Mais je peux faire vivre ta mémoire.
Et aujourd’hui, je dis à voix haute :
Tu n’étais pas parfait, mais tu étais digne.
Et personne ne pourra effacer cela,
Ni dans ma mémoire, ni dans mon cœur.

Nayra La Diotima Cimper

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