Samedi 02 Novembre, une étudiante iranienne a été arrêtée à l’université Azad de Téhéran pour une tenue jugée « inappropriée ». La jeune femme, dont l’identité reste inconnue, portait un voile mal ajusté, provoquant l’intervention des forces de sécurité sur le campus.
En réaction, elle s’est déshabillée et a marché en sous-vêtements, une action capturée en vidéo par ses camarades et rapidement diffusée sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague de réactions en Iran et au-delà.
La scène, surprenante et symbolique, montre la jeune femme devant l’université Azad, ses cheveux détachés, déambulant sous le regard interloqué des passants. Selon le journaliste franco-iranien Armin Arefi, elle est étudiante dans l’unité de Science et de Recherche de l’université et aurait été interpellée pour ne pas porter le maghnaeh, un voile noir couvrant la tête, le front, le menton et la poitrine, exigé dans les universités. D’autres sources rapportent que les forces de sécurité et la milice paramilitaire Bassidj, affiliée aux Gardiens de la Révolution, lui auraient arraché son hijab, jugé inapproprié, ainsi que d’autres vêtements.
La suite des événements est restée floue : la jeune femme a continué à marcher devant l’université, apparemment en état de choc ou résolue à protester. Les images diffusées montrent des passants médusés, fixant cette scène rare et audacieuse. Finalement, des hommes en civil l’ont conduite dans une voiture vers une destination inconnue. D’après la *Newsletter Amir Kabir*, relayée par Armin Arefi, elle aurait subi des violences, dont un coup à la tête qui aurait causé une hémorragie, attisant davantage l’indignation publique.
L’agence de presse officielle Fars, qui a confirmé l’incident, a expliqué que la jeune femme portait des « vêtements inappropriés » et que les agents de sécurité auraient calmement rappelé les règles du code vestimentaire. L’agence affirme que l’échange entre la jeune femme et les forces de l’ordre aurait été exempt de toute agressivité. Cependant, de nombreux témoins sur place témoignent de l’inverse, dénonçant une intervention brutale des forces de sécurité.
https://x.com/FaridVahiid/status/1852753346458693712
Cet incident s’inscrit dans un contexte plus large en Iran, où les femmes sont tenues de respecter un code vestimentaire strict : elles doivent porter le foulard et des vêtements amples dès qu’elles se trouvent dans un espace public. Le non-respect de ces règles est assimilé à une « nudité » et expose les femmes à des amendes sévères, qui peuvent atteindre 8 millions de tomans (soit environ 138 euros), doublées si elles ne sont pas réglées sous un mois. Outre ces sanctions financières, les contrevenantes risquent de perdre leur emploi et d’être exclues des réseaux sociaux pour une période allant jusqu’à un an. En cas de récidive, les femmes risquent des peines d’emprisonnement de six mois à trois ans.
Alors que les réseaux sociaux s’emparent de cette affaire, les questions sur les droits des femmes en Iran reviennent au premier plan. La scène filmée de cette étudiante à demi-dénudée représente bien plus qu’un acte de défi personnel : elle illustre la révolte silencieuse mais croissante de nombreuses Iraniennes face aux contrôles rigides et aux restrictions quotidiennes imposées par le régime. Depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, décédée après son arrestation pour un hijab prétendument mal porté, de nombreux Iraniens et Iraniennes ont entrepris de défier publiquement les lois vestimentaires.
Cet incident pourrait encore aggraver les tensions autour de la question du port du voile en Iran, notamment à la suite d’une récente loi renforçant les sanctions contre les femmes accusées de transgresser le code vestimentaire. Cette loi prévoit des mesures toujours plus strictes, considérant le voile comme une question cruciale pour l’image et les valeurs de la République islamique.
Pour de nombreux observateurs, la situation actuelle souligne une opposition latente au sein de la société iranienne, où les jeunes générations, en particulier les étudiantes, osent exprimer leur désaccord face aux normes imposées. La jeune étudiante interpellée incarne cette volonté de résistance, un geste qui, bien que risqué, pourrait encourager d’autres voix à se faire entendre.
Alors que l’enquête se poursuit, cette affaire met une nouvelle fois en lumière les conflits entre les aspirations individuelles et les restrictions imposées par le régime. En Iran, où les libertés individuelles sont fortement encadrées, ce geste inattendu d’une étudiante pourrait bien ouvrir une brèche dans le débat public et accentuer la pression internationale en faveur des droits des femmes.