Lors du Sommet de la Francophonie, le discours du président français Emmanuel Macron a laissé un goût amer à certains congolais, notamment à Jo M. Sekimonyo, un observateur attentif de la politique congolaise et internationale. Selon lui, le silence du président français Emmanuel Macron concernant la guerre dévastatrice en République Démocratique du Congo (RDC) et l’agression rwandaise n’est pas anodin.
« Il est troublant de constater qu’au Sommet de la Francophonie, Macron prend soin, dans son discours, de passer en revue les conflits mondiaux, mais omet étrangement de mentionner la guerre dévastatrice en RDC, l’agression du Rwanda. Ce silence n’est certainement pas anodin et révèle un biais flagrant en faveur de Kigali. Les liens diplomatiques et économiques étroits entre la France et le Rwanda semblent peser lourdement dans la balance, à tel point que Macron préfère éviter de critiquer un allié stratégique dans la région, même si cela implique de fermer les yeux sur les atrocités que subit le peuple congolais », a-t-il déclaré.
Pour Sekimonyo, ce silence est plus qu’une simple omission : « En ignorant ce conflit, Macron envoie un message déconcertant : la souffrance du Congo n’est pas une priorité tant que les intérêts français, notamment ceux alignés avec le Rwanda, sont protégés. Ce favoritisme est difficile à dissimuler, et il montre une France prête à sacrifier la paix et la justice en RDC pour ne pas froisser Kigali. »
Cette prise de position aligne, selon Sekimonyo, la France du côté de l’agresseur : « Alors que des millions de vies périssent, le silence de Macron résonne comme une validation tacite des actions du Rwanda, au détriment de la souveraineté et de la stabilité du Congo. »
Il dénonce deux poids, deux mesures : politique et économique. Sekimonyo met en lumière une dynamique asymétrique entre la manière dont la France traite le Rwanda et la RDC.
« D’un côté, nous avons le Rwanda, petit mais ambitieux, qui a su, sous la houlette de Paul Kagame, séduire la France avec des promesses de modernité, de digitalisation et d’innovation. Après les tensions liées au génocide de 1994, Macron, tel un joueur d’échecs, a orchestré un rapprochement stratégique avec Kigali, ouvrant les vannes des investissements français dans les secteurs des technologies, de l’éducation et de l’entrepreneuriat. », rappelle–t-il.
En effet, poursuit-il, Macron a signé des accords économiques lucratifs avec le Rwanda, en 2019, consolidant une relation basée sur la technologie et l’innovation.
«En 2019, Macron a signé des accords juteux, offrant à la France un pied dans un pays en plein essor numérique et financier. Là, les partenariats se font autour de start-ups, de hubs technologiques et d’une vision futuriste. Bref, une belle histoire d’amour économique où les intérêts français trouvent écho dans une nation considérée stable et en croissance rapide », ajoute-t-il.
En revanche, la RDC reste reléguée à un rôle bien moins reluisant, selon cet écrivain.
« Et puis, il y a la RDC. Ici, le scénario est bien différent. Avec ses ressources naturelles abondantes, la RDC n’intéresse la France que pour ses entrailles. Peu importe que des millions de Congolais soient pris dans un conflit sans fin. Ce qui compte vraiment, c’est de sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques. »
Cette relation inégale, d’après Sekimonyo, résulte d’une perception biaisée de la part de la France : « La France mise sur le Rwanda pour les partenariats humains et technologiques, tandis que la RDC n’est vue que comme une mine à ciel ouvert, déconnectée de son peuple. Macron semble moins troublé par les millions de morts congolais, car après tout, que valent-ils face aux Rwandais, ces partenaires si précieux dans sa quête de prestige géopolitique ? »
AKAMUS